Barbara Y. FLAMAND, écrivain belge (Les vertiges de l'innocence, Les confessions de l'ogre planétaire) membre de l'Association des Écrivains Belges, a accepté de lire et de critiquer
mon recueil de poésie :
Georges Roland est connu pour son humour bruxellois : « Brol aux Marolles », « Cahots dans le métro »… Mais son dernier roman : « Le pantin de l’impasse » élargit sa réputation. C’est un romancier capable de pénétrer le tragique d’un personnage et des situations qu’il provoque. Cependant, il serait dommage de limiter son talent à celui de prosateur, Georges Roland est poète. Des poètes, il n’en manque pas. Je dirais même qu’ils sont pléthoriques chez nous. Qui n’écrit pas un jour ou l’autre des poèmes parce qu’il est jeune ou tombe amoureux ? Je pense qu’on naît poète avec cette faculté de poser sur les choses un regard chargé d’une sensibilité aiguë, et de rendre les faits et sensations avec ce supplément d’âme.
Dans un recueil, présenté sous une couverture de Bernadette Nef d’une élégance raffinée et suggestive, Georges Roland nous livre une matière abondante dans laquelle on palpe continuellement la vie et où on entend le cœur battre. S’il est question d’amour, tendre, érotique, fraternel, filial, le lecteur sensible se dira : « Il parle avec mon cœur. » Car dans les poèmes intimes, le moi ne s’enferme pas dans une bulle, il est proche de celui du semblable qui aime, souffre, espère, désespère. « C’est que sachant n’être que cendre / Dans l’univers démesuré / Nous avons pris ce qu’on peut prendre / Subi ce qu’il faut endurer / Alors mon amour sans bagage / Toi dont le cœur s’unit au mien / Restons encore en ce mirage / Soyons ceux qui ne savent rien. « (La tendresse )
« Les chansons de Roland » n’expriment pas que les divers balancements du cœur, vivre, c’est affronter quotidiennement la vie dans les événements proches : « La boxe la boxe on en fait tous les matins / La boxe la boxe c’est notre pain quotidien. » (La boxe) et socio-politiques : « La matraque » dont voici un extrait : « Elle est pourtant / L’arme de choix / De nos prisons / De nos manifs / Elle est pourtant / A l’unisson / Un étendard / Pour le bon droit. » Dans sa vision des différents aspects du monde, les mots s’accordent en images fortes, percutantes. Et cette vision relève à la fois de l’idée et de l’affect.
Dans l’approche critique des dérives ou outrances de notre société, l’humour et la satire deviennent le moyen d’expression de G.R. un moyen dont il use avec habileté et drôlerie. Citons : : « Adonis » « Portrait d’artiste », « Les néologues, « Ils » : « Ils ont de grandes fardes pleines d’idées / Ils ont les yeux cavés des nuits de sortance /Ils ont un avenir bien plus qu’un métier / Ils ont un bel endroit pour cacher un envers /Ils sont les technocrates d’un nouvel univers. »
Il arrive que l’auteur prenne un détour, le poème devient alors symbolique,: « Intermède I », chemin très inventif vers l’absurdité, ou allusif : « Sur un thème de Prokofiev » , très beau poème dans lequel on perçoit, sans que l’événement soit mis à nu, la contamination nucléaire.
D’un bout à l’autre, le poète répercute la vie, tout ce qu’elle imprime dans son être et dans la collectivité de laquelle il ne se sépare pas mais à laquelle il s’associe en témoignant, en extériorisant la trace que l’événement laisse dans sa vie et dans l’humanité. Si, parmi ses émotions, l’amertume prend place : « Je ne vois plus guère / Au trop plein de la misère / Comment résister sans être caparaçonné / D’indifférence. », l’attachement à la vie refait toujours surface : «Il ne faut rien maudire / Ni la Terre-Animal qui gronde impunément / Ni l’emprise du temps qui vieillit votre enfant. » Et puis…l’amour sauve : « …Mais tes yeux auront toujours vingt ans / Leur éclat l’emporte / Sur le voile blanc / Et je veux graver l’ombre / De ces mots suprêmes / Je t’aime. »
Restons dans le sentimental en donnant un extrait de « A mon père » : « J’n’aurais pas cru t’aimer autant / Avoir si mal de ne plus te voir / Et puis voilà plus de trente ans / Que tu es parti sans crier gloire / Et moi je suis resté tout seul / A méditer sur mon douloir / A me moucher dans ton linceul / Prendre mes erreurs pour des victoires. »
Modestement le poète écrit : « Je n’écris pas pour luire ou pour chercher de l’or / Simplement le voltige / Ma chanson restera un petit ru discret / Abreuvant les grenouilles les vaches les gorets / Je le veux je l’exige. »
Un ru discret ? Non. Ces chansons renouent avec l’art poétique, expression désuète aujourd’hui quand un poème se dit poème en alignant simplement des images, originales, peut-être, mais privées de substance. Les poèmes de G.R. sont réguliers, classiques donc, mais très modernes par l’écriture, d’une grande variété de tons, d’une tournure très personnelle, cadencée, musicale même.
Résumons : poèmes intimistes, poèmes humoristiques avec drôlerie, critiques, satiriques, poèmes contenant des références historiques… Une grande diversité dans laquelle, pourtant, apparaît un trait commun, l’amour ; il traverse tout le recueil. Hors les poèmes d’amour dont il est le thème, il est en transparence dans le choix même du propos, attestant du lien du poète avec ses intimes et avec la société, il est dans la résonance émotive de sa parole.
Barbara Y. Flamand (8/10/2012)
illustrations de couverture: Bernadette NEF
10,00€
Tantôt cri, tantôt chanson, tantôt vers libre, cette expression rapide et lancinante, va du rire aux larmes sans crier gare. L'écriture couvre quarante années, c'est dire que le style en est varié.
Envols d'amour et de révolte, soucieuse de métrique et de consonance, cette poésie s'appuie souvent sur la musique de chansons connues, de Brel, Brassens, Ferré, et d'autres. Quelquefois, la musique classique se glisse au rythme des vers, de Beethoven à Prokofiev.
Ce serait un jeu de retrouver ces mélodies, ou de leur en offrir une nouvelle.
L'acrostiche « Bernardiennes », écrit en 1963, a servi d'aire d'envol de cette poésie. Mon goût prononcé pour l'hexamètre, et son fils, l'alexandrin, ne m'a pas empêché de recourir à l'impair.
J'ai aussi utilisé l'argot, le néologisme, et l'anacoluthe.
Le livre est paru aux éditions bernardiennes, format 14 x 20cm, 100p.
On peut l'acheter sur ce site, voir la page infos pratiques.
Chaque titre expédié porte la signature de Georges et dispose d'un signet ilustré par Bernadette NEF.